La Bactriane

Article tiré de Dossiers d'archéologie N°211 - La Bactriane, de l'hellénisme au bouddhisme (1996-03)

par Pierre Leriche

La Bactriane Héllénistique

Après sa défaite devant Alexandre à Arbèles (331 av N.è.), Darius III Codoman, le dernier souverain achéménide, cherche à rejoindre la partie orientale de son empire. Son beau-frère, le bactrien Bessos, le fait alors assassiner et se proclame roi afin de diriger la résistance. Après avoir échoué dans sa tentative de barrer la route à Alexandre, bessos pratique la politique de la terre brûlée, sans pouvoir pour autant empêcher la conquête de Bactres et de la Bactriane méridionale.
Alexandre traverse l'Oxus (Amou Daria) et entreprend la conquête de la Sogdiane. Bessos est alors abandonné par ses partisans et livré au conquérant qui le fait exécuter et se proclame l'héritier de Darius. Après une guerre éprouvante de deux ans en Sogdiane, au cours de laquelle il fait massacrer plus de 100.000 personnes, Alexandre s'empare de la Bactriane du nord, puis, ayant établi plusieurs garnisons et incorporé 30.000 otages dans son armée, il entreprend la conquête de l'Inde (327).
La domination macédonienne en Bactriane-Sogdiane reste très fragile, et les colons grecs laissés sur place tentent en vain, à deux reprises, de se révolter et de quitter le pays. En fait, ce n'est qu'à partir de 312 que la Bactriane et la Sogdiane sont fermement organisées par l'un des généraux d'Alexandre, Séleucos Ier, qui hérite de toute la partie asiatique des terres conquises par Alexandre. Pour contenir la puissance de l'empire Maurya qui vient de se constituer en Inde et qui s'est emparé des régions situées au sud-est de l'Indou Kouch, Séleucos Ier confie à son fils Antiochos Ier la défense des " Hautes Satrapies ", dont font partie la Bactriane et la Sogdiane. Antiochos Ier s'installe à Bactres, réorganise la région et rétablit plusieurs fondations d'Alexandre qui auraient été détruites par les colons révoltés ou par les peuples de la steppe.
L'histoire de la Bactriane est ensuite très mal connue, faute de témoignages des auteurs anciens qui s'intérressent de manière privilégiée aux régions occidentales de l'empire séleucide. Mais le monnayage des différents maîtres de la Bactriane atteste, par son abondance, sa richesse et sa très haute qualité artistique, la puissance et la richesse de la région et permet de connaître le visage des différents dynastes.
Vers 250, Diodote, satrape de Bactriane proclame l'indépendance de la Bactriane et prend le titre de roi qu'il transmet à son fils Diodote II. En 230, ce dernier est renversé par Euthydème Ier qui fonde une nouvelle dynastie. Lorsque, à la fin du IIIe s., le roi séleucide Antiochos III entreprend de reconquérir les provinces perdues de l'empire séleucide, Euthydème ne peut l'empêcher de s'emparer de la Bactriane. Cependant, Euthydème s'enferme dans Bactres et, après avoir résisté pendant deux ans à Antiochos, obtient la reconnaissance de son titre royal au nom de la défense de l'hellénisme face à la pression des nomades du Nord, Vers 200 av. n. è., Démétrios Ier succède à son père et entreprend la conquête de l'Indou Kouch et de l'Inde du Nord-Ouest. A partir de 190, les fils de Démétrios gouvernent en association le nouveau royaume qui s'étend progressivement sur tout le Pendjab.
En 170, Eucratide, au nom des Séleucides, renverse Démétrios II et Antimaque II et s'empare de la royauté. Il fonde une Eucratideia (probablement refondation d'Aï Khanoum) et mène une politique de prestige. Mais vers 145, il est assassiné par son fils Eucratide II, cependant qu'au même moment, des populations nomades venues du Nord qui s'étaient emparées de la Bactriane septentrionale, franchissent l'Oxus et mettent fin à la domination grecque sur l'ensemble de la Bactriane.
La présence grecque se maintient encore dans la région jusque vers 70 av. n. è.. date à laquelle les nomades s'emparent du royaume d'Hermaios qui régnait dans I'Indou Kouch. Les nomades entreprennent ensuite la conquête de l'Inde où le dernier roi grec, Straton II, disparaît du Pendjab oriental en 10 de n. è.

Pierre LERICHE

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