Egypte - Embaumement

Momification


Mythes et croyances

La source de la momification chez les anciens égyptiens, remonte à une légende mythologique. Cette légende la voici.
Les principaux dieux égyptiens étaient au nombre de neuf. Le premier d'entre eux était le créateur solaire RA (ou RE) représenté sous les traits d'un homme qui porte sur la tête un disque solaire. Les huit autres vont par couple : SHOU (l'air) et son épouse TEFNET, GEB (la terre) et NOUT (le ciel), OSIRIS (le Nil) et ISIS (la lune) déesse du mariage et de la famille, grande magicienne, soeur et femme d'OSIRIS, SETH (frère d'OSIRIS) et NEPHTYS (soeur d'ISIS). SETH représentant le mal et le désordre jaloux de son frère OSIRIS, voulut le faire disparaître ; il fit fabriquer un coffre d'une extrême beauté aux mesures de son frère et le lui offrit au cours d'un banquet. Rusé, SETH demanda à son frère de se placer dedans afin de vérifier que le coffre était fait pour lui. OSIRIS à peine entré dans le coffre, SETH l'y enferma et le jeta dans le Nil. ISIS apprit la disparition de son époux et en bonne épouse, partit aussitôt à sa recherche. Elle sut que le coffre avait échoué sur le territoire de BYBLOS en Phénicie. ISIS le récupéra et fit enterrer OSIRIS en Egypte. Pendant l'absence d'ISIS, SETH réussit à s'emparer du cadavre de son frère et le découpa en trente-six morceaux qu'il éparpilla à travers l'Egypte. A son retour, ISIS découvrit la tragédie et se mit à la recherche des restes de son défunt époux, elle parvint à tous les retrouver sauf un, le phallus, qui avait été dévoré par un poisson. Elle réunit alors les fragments du corps d'OSIRIS Osiris et fit procéder aux onctions de Vie par ANUBIS (dieu des morts, des nécropoles et conducteur des âmes représenté par un homme à tête de chien ou de chacal) pour ressusciter OSIRIS. C'était la première momification rituelle, divine par excellence. Grâce aux pouvoir conjugués de la magie d'ISIS et de la momification par ANUBIS (dans certaines traditions fils d'OSIRIS et de NEPHTYS), OSIRIS revint à la vie. De l'union de ISIS et OSIRIS, naquit HORUS (dieu solaire représenté par un homme à tête de faucon). Le devenir d'OSIRIS fut alors d'être le dieu-roi de l'Autre-Monde. HORUS, lui était promis à être le modèle de tous les rois terrestres à venir, destinés à perpétuer sur la terre l'ordre divin préétabli.
Les représentations d'OSIRIS le montrent avec une couleur de peau verte, celle des morts, car OSIRIS est dieu des morts, mort et réssucité lui même.

Pour l'ancien égyptien, l'être est composé d'une partie charnelle, le corps, putréscible et mortel, et d'une partie spirituelle, contenue par le corps de son vivant, le Ka ou le pouvoir de vivre et la pensée. L'immortalité du corps et de l'âme peut être obtenue par des rites. Le corps mort, peut reprendre vie à condition d'effectuer un rituel, une renaissance des chairs. Toutefois le corps ainsi reconstitué par des moyens magiques, s'approche du divin et peut rejoindre l'Au-delà dans l'immortalité. Pourquoi faut-il le corps, le Ka n'est il pas suffisant, étant déjà immortel ? Pour l'égyptien, l'immortalité comme la vie sur terre est un tout. Il faut à la fois la chair et l'âme. Les deux en harmonie permettent la vie d'une part sur terre et l'immortalité dans l'Au-Delà d'autre part.
En effet, la mort est considérée comme la dissociation de l'âme et du corps. Le corps meurt et l'âme ne peut habiter un corps mort. L'âme immatérielle rejoint vers les dieux. L'immortalité consiste à permettre la réassociation des deux. Il faut donc que le corps soit rendu à une vie divine et devienne un receptacle pour l'âme. L'âme et le corps réunis assurent l'éternité à l'égyptien. Ceci est assuré par des rites et des formules magiques éxécutés par les prêtres.
La nécessité de conserver le corps du défunt, s'effectue par la momification . Cette conservation est renforcée par les bandelettes et le sarcophages. Pour éviter toute dégradation d'origine animale ou humaine, les corps momifiés sont alors cachés dans des tombeaux. Car il n'y a rien de pire que de voir son corps momifié profané, car il est la porte d'éternité.
Un autre aspect des croyances du mythe est le côté tellurique, agricole. La dissiémination des organes apparemment morts d'OSIRIS peut être assimilée aux graines semées par les paysans. Elles sont alors, en fructifiant, sources de vie. Des graines inertes presques mortes, rejaillissent la vie.

A l'origine, les fabuleuses pyramides (sous l'ancien empire) étaient les tombeaux des pharaons. Il n'y avait pas d'inscriptions sur les murs et la momification était réservé à Pharaon et ses proches. Puis celle-ci s'est démocratisée, tout égyptien a pu avoir droit à la momification et les tombes se recouvraient d'inscriptions, de scènes de vie et de rituels magiques nécessaires à l'éternité du défunt.


L'embaumement

Les égyptiens se sont rendus maitres de l'embaumement pour la conservation des corps. Les techniques d'embaumement semblent être très anciennes et se perfectionnent à travers le temps.
La momification, durant 70 joursMomification par Anubis, se présente en plusieurs étapes, chacune était nécessaire et entourée des charmes et formules magiques.

Dès que le décès à lieu, le corps est remis aux embaumeurs, dans la maisons des morts en général à l'extérieur de la ville. Bien souvent cette remise s'effectue au milieu de pleureuses - femmes payés pour verser des larmes sur le défunt.
Les embaumeurs effectuent les premiers rites de momification : les lavements du corps.
Le corps est soigneusement lavé. Ce lavage est à la fois extérieur (lavage de la peau) et intérieur (éviscération). Le corps était incisé sur le flanc gauche, puis le ventre était ouvert. Les organes étaient retirés et subissaient un traitement (trempage dans des solutions arômatiques et convervatrices) pour figurer plus tard dans la tombe du défunt dans des urnes funéraires : les canopes. En principe seul le coeur était conservé dans le corps. Chaque urne représentaient un dieu spécifique et étaient réservé à un organe précis. Le cerveau (on rentre dans le vif du sujet) était retiré par le nez. Pas d'un coup évidemment. L'embaumeur utilisait des sortes de crochets. Il les enfoncait par les narines en brisant toutes les cloisons internes. Puis il raclait le cerveau et le sortait par "paquets" par le nez.
Le corps nettoyé des matières putréscibles, venait ensuite la déshydratation.
Le corps était soit trempé dans des bains de natron (solution de soude naturelle trouvée dans les lacs salés) soit on en appliquait dans le corps éviscéré et on en versait dans la boite cranienne. Rajoutez des arômes et l'action du soleil, des formules magiques et des prières. Puis le séchage terminé, le corps était recouvert de résines et d'huiles végétales pour regagner un peu d'élasticité.
Enfin, le corps subissait la dernière étape : le bandelettage.
La pose débutait d'abord par le placement d'amulettes (en matériaux précieux pour les riches, expliquant les pillages). Disposant de pouvoirs magiques, elles servaient de protection ou d'aide au défunt. Certaines symbolisaient des serviteurs que le défunt amenait avec lui dans l'au-delà. Le corps était recouvert de bandelettes de lin. Cela s'effectuait des extrémités jusqu'à remonter vers la racine des membres.
Le corps était recouvert par 7 couches de bandelettes, totalisant plusieurs mètres.

Prêtres et défunt dans la maison des mortsPuis on placait le corps dans son sarcophage peint et gravé (dans les nécropoles collectives, on y trouve de nombreuses momies des gens du peuples mais pas de sarcophage à ma connaissance. Faudra que je vérifie, mais comme partout, plus le défunt était riche, plus la momification était complexe et bien effectuée). Parfois un masque représentant le défunt était placé sur le visage (rappelez vous le masque de Touthankamon). La famille reprenait le corps et l'amenait vers le tombeau accompagné d'un cortège de pleureuses. Le prêtre touchait les 7 orifices de la têtes (yeux, bouche, oreilles et nez) pour faire revivre les sens du défunt. En touchant la bouche avec un baton magique, le prêtre symbolisant l'ouverture de la bouche permettant au Ka de s'échapper ou d'y retourner. On déposait les offrandes dans la dernière demeure et la tombe était scellée.
Le défunt était paré pour l'éternité.


Aujourd'hui et ailleurs.

Certains pensent que les momies sont l'appanage des egyptiens. Faux ! On trouve beaucoup de momie, qu'elles soit naturelles ou rituelles comme celles des égyptiens.
En Amérique du sud (Chili si je ne m'abuse), des archéologues ont trouvés des momies qui sembleraient être antérieures au plus vieilles momies égyptiennes. De nombreux peuples ont procédés à des rituels de momification. cela semble inhérent à un certain culte des morts.
N'oublions pas aussi, plus près de nous, les rois de France à partir de Louis XI ont été momifiés à leur mort. Bien sûr le procédé n'était pas le même, la conservation non plus. De Louis XI il ne reste qu'un crâne et quant aux autres rois, la révolution française a dispersé et détruit leurs dépouilles.
On trouve des momies naturelles un peu partout dans le monde, par exemple dans les tourbières au nord de l'Europe, on y a trouvé des morts, sacrifiés rituellement pour la plupart, de peuples celtiques. N'oublions pas non plus les momies des glaces (hommes préhistoriques ou marins du XIXème siecle dont le navire a été pris par les glaces), ou celles des déserts (sur la route de la soie, en chine on a trouvé des momies naturelles de peuple vraisemblablement d'origine caucasienne).

Aujourd'hui même, des sociétés proposent une momification par le froid.


URL d'origine : http://bechuille.free.fr/momie.htm

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