La guerre du Péloponnèse
LA GUERRE DU PELOPONNESE

Au fil des siècles, la guerre du Péloponnèse a été sujette à de multiples interprétations. Ce travail tentera donc de faire une distinction entre les prétextes et la cause véritable de cette guerre, et de les expliquer à la lumière de sources primaires et secondaires. Une première partie exposera les prétextes qui ont servi au déclenchement de la guerre, et une seconde partie expliquera la cause réelle du conflit d'après les écrits de Thucydide.

Selon la Grande Encyclopédie Larousse, le prétexte de la guerre du Péloponnèse est clair: "Les troubles de Corcyre en furent le prétexte".0 La situation s'explique par le fait que Corcyre, voulant attaquer Epidamne, appuyée par Corinthe, demanda le secours d'Athènes. Corinthe demanda ensuite l'appuie de la ligue Péloponnésienne, et ils acceptèrent. Sparte trancha ensuite en faveur de la guerre, et par l'attaque de Platée par Thèbes, entraîna toute la Grèce en guerre.

Pour l'auteur ancien Thucydide, la situation semble être différente. Selon lui, la signature d'un traité défensif entre Athènes et Corcyre suite à la défense d'Épidamne par Corinthe, eut un impact dans l'enchaînement des événements, mais ce n'est pas le seul événement à entrer en ligne de compte. L'affaire de Potidée, consistait à l'occupation de celle-ci par les troupes athéniennes, afin de s'assurer que cette dernière ne ferait pas défection de l'alliance avec Athènes "...entraînant avec elle tous les alliés en bordure de la Thrace". L'auteur fait également mention qu'Égine, alliée de Corinthe, poussa à la guerre, en se plaignant du manque d'autonomie dont elle était contraint.

Selon P. Lévêque, ce sont également les incidents de Corcyre et de Potidée, déclenchées par Périclès afin de profiter des succès des dernières décennies, qui ont opposé Athènes à Corinthe et déclenché la guerre. De plus, cet auteur fait mention du décret d'Athènes contre Mégare, qui lui interdisait les marchés de l'Empire. Corinthe étant déjà offusqué du succès économique que remportait Athènes, à été exaspéré par l'attaque de sa rivale, et au cours d'un congrès de la ligue péloponnésienne, à demander avec vigueur le déclenchement de la guerre.6.1

P.A. Brunt a également fait mention du décret de Mégare dans son article intitulé "The Megarian Decree", où il explique que l'exclusion des mégariens des marchés de l'Empire à eut "...a significant place among the chain of events leading to the outbreak of the Peloponnesian war".6.2 Les événements de Corcyre et de Potidée n'auraient donc pas été les seuls à avoir enclenchés le processus.

Selon H.H. Scullard, ce sont aussi les événements survenu à Corcyre et à Potidée qui ont déclenché les hostilités, et servi de prétextes. Athènes à soutenu Corcyre dans un conflit avec sa métropole, et a assiégé Potidée, membre de la ligue de Délos, qui tentait une révolte. Corinthe qui s'inquiétait déjà de la puissance athénienne, réussit à persuader Sparte et ses alliés d'attaquer Athènes.

Selon M.I. Finley, les incidents de Corcyre et de Potidée ont également été les prétextes qui ont précipité la guerre. Corinthe a probablement été l'initiatrice de cette guerre, du moins, du côté spartiate, puisque ces deux Etats étaient sous influence corinthienne.

P. Canivet, quant à lui, distingue trois occasions, par lesquelles Athènes est entré en conflit avec Sparte. Ce sont les événement de Corcyre, de Potidée ainsi que ceux de Mégare. Il mentionne également la précarité de la paix de 445, ainsi que les conférences Lacédémoniennes qui se soldèrent par un accord généralisé sur l'impératif d'une guerre.

Maintenant, assez parlé des prétextes, passons à la source véritable du conflit. Toujours selon Thucydide, la "cause la plus vraie" résiderait dans le fait "...que les Athéniens, en s'accroissant, donnèrent de l'appréhension aux Lacédémoniens, les contraignant ainsi à la guerre". Il prouve cette affirmation par de nombreux arguments.

Tout d'abord, il décrit en quoi consistait la puissance d'Athènes. Suite à la victoire athénienne contre les mèdes, l'hégémonie d'Athènes se fit sentir par la constitution de la ligue de Délos. Au départ, cette association avait été possible grâce au consentement des alliés et "...à l'hostilité que ceux-ci nourrissaient contre Pausanias", mais pendant la période suivant les guerres médiques, Athènes a resserré son étau sur ces alliés en châtiant toute tentative de défection.

Les prétextes servant à camoufler les exigences des Athéniens étaient excessives, et les moyens employés afin de réprimander les fautifs étaient radicaux. De plus, de nombreux alliés préférèrent donner une contribution sous forme d'argent, plutôt que de devoir faire le service militaire ou de fournir leurs vaisseaux, ce qui ne les favorisaient guère, puisqu'ils se retrouvaient "... sans préparatifs et sans expérience pour la guerre", en cas de rébellion contre Athènes, et ne pouvaient encaisser le coup.

Les Thasiens ont été de ceux qui furent durement châtié par Athènes, suite à une tentative de défection. Ils avaient demandé l'aide des Lacédémoniens, qui avaient accepté en secret, mais ils n'ont pas été en mesure de les aider, car une révolte d'hilotes a éclaté et les ont retenus sur le continent.

D'ailleurs, constatant que ce conflit perdurait, les Lacédémoniens ont fait appel à l'aide de leurs alliés, dont Athènes, afin de mettre un terme à ces événements. Cependant, Athènes n'étant pas pressé de régler ce conflit qui l'avantageait, à fait émerger un doute chez les Lacédémoniens, c'est pourquoi ils décidèrent de renoncer à l'aide athénienne. Les Athéniens ont été outré de ce geste et ont décidé de rompre leur alliance avec les Lacédémoniens et d'en créer une nouvelle avec la Thessalie et Argos, ennemie jurée de leur ancienne alliés.

Athènes a également augmenté le nombre de ces alliés en accueillant les anciens hilotes de Lacédémone, qui avaient signé une entente stipulant qu'ils seraient libres à la condition qu'ils quittent le Péloponnèse. Les Mégariens changèrent également de côté et se sont ajoutés au nombre de leurs alliés.

De plus, il faut mentionner l'élévation des Longs-Murs entre Athènes et le Pirée. En effet, ces fortifications inquiétaient grandement les Lacédémoniens, car elles les limitaient dans leur champs d'action, car les Athéniens contrôlaient ainsi le golfe de Krisa. Ils contrôlaient également la route de Géraneia, en possédant Mégare et Pèges.

En terminant, rappelons que les prétextes invoqués précédemment, se résume principalement aux affaires de Corcyre et de Potidée, ainsi que le décret de Mégare. Quant à la véritable cause, elle s'expliquerait, selon Thucydide, par la peur des Lacédémoniens devant l'expansion athénienne.



BIBLIOGRAPHIE

Thucydide, L'histoire de la guerre du Péloponnèse, Robert Lafond, Paris, 1990, 826 pages.

"Grèce", La Grande Encyclopédie Larousse, Les éditions Larousse, Paris, [s.d.], vol. 19.

Canivet, P.A., Précis d'histoire antique, [s.1], Université de Montréal, 1971, 79 pages.

Finley, M.I. Les anciens grecs, 2ème éd. Paris, François Maspero, 1973, 175 pages.

Lévêque, Pierre, L'aventure grecque, Paris, Armand Collin, 1964.

Scullard, H.H. Petit atlas de l'antiquité classique, Séquoia, Bruxelles, 1963, pages.

Brunt, P.A. "The Megarian decree", American Journal of Philology, 1951.



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